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13 mars 2023
Marine Manard

Le Mindful parenting ou la parentalité en pleine conscience

On entend souvent parler de parentalité bienveillante, de maternage/parentage proximal, d'éducation positive, mais qui connait le « mindful parenting », que l'on peut traduire par "parentalité en pleine conscience" ?

mindfull

Le Mindful parenting


Commençons par en donner une définition :

il s'agit de la capacité des parents à partager des moments avec leurs enfants, en pleine conscience. C'est-à-dire de façon intentionnelle, centrée sur le présent, de façon non-jugeante et en pleine attention. Cette manière de parentage est de plus en plus mise en avant comme pratique fondamentale, notamment dans le cadre d'interventions et de coaching parental [1].

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En quoi cela consiste ?

Certains chercheurs ont proposé un modèle de ce type de parentalité [2]. Cinq compétences de la pleine conscience ont été décrites [3; 4]:


  • Agir en conscience
  • Observer
  • Décrire
  • Ne pas réagir à l'activité intérieure
  • Ne pas juger l'activité intérieure

Parmi les bienfaits de la pleine conscience, les recherches suggèrent des effets positifs sur :


  • Les émotions positives [5]
  • Une tendance moindre à l'anxiété et à la dépression [3; 5]
  • Moins de stress dans les relations et plus de satisfaction [6].
  • Une meilleure régulation émotionnelle [7].
  • Le développement d'une approche de pleine conscience au service de la parentalité a été suggérée également dans le but de favoriser le développement d'un style d'attachement sécurisé [8].

Comment faire ?

Les dimensions de la parentalité en pleine conscience ont été opérationnalisées [2] :

Écouter en pleine attention :

Cette dimension suggère d'écouter l'enfant au-delà des simples mots prononcés. En effet, il s'agit de la combinaison de l'écoute attentive et de la conscience de ce que l'enfant essaie d'exprimer au-delà des mots, en développant une représentation de la perspective de l'enfant. Cette dimension est utile dès la naissance, afin d'offrir une réponse sensible et adéquate aux pleurs. Lorsque l'enfant est plus grand, elle permet d'être attentif au contenu de la conversation mais également aux expressions non-verbales (tonalité, visage, langage corporel...) afin de comprendre les besoins et intentions de l'enfant. A l'adolescence, elle est également utile afin de comprendre avec plus d'exactitude les sentiments et pensées de l'adolescent, réduisant les conflits et améliorant la tendance à la confidence.

Cet article a été rédigé par Marine Manard, Neuropsychologue clinicienne. Initialement destiné à son site : https://www.psst-magazine.be/ Mise en page et choix des photos par WeLinkcare.



Acceptation de soi et de l'enfant sans jugement

Les perceptions parentales des compétences de leurs enfants vont conditionner leurs attentes et influencer le comportement de l'enfant. Cette dimension tend alors à accueillir sans jugement le moment présent, tant les traits que les comportements de l'enfant. Il ne s'agit pas ici de laxisme et de tout accepter sans guidance ou d'approuver des comportements de l'enfant qui ne correspondraient pas aux valeurs parentales. Il s'agit plutôt de développer une certaine clairvoyance sur ce qui se passe dans le moment présent. Cela concerne aussi le fait de reconnaitre qu'il y a des moments plus compliqués en tant que parent et que grandir est quelque chose de complexe pour l'enfant. Cela signifie d'être conscient que les difficultés rencontrées et les erreurs que nous commettons en tant que parents sont des moments de vie tout à fait sains. L'acceptation sans jugement concerne donc la capacité de définir des attentes claires sur le comportement de l'enfant, qui soient appropriées pour l'environnement dans lequel il évolue et pour son niveau de développement.

Conscience de ses propres émotions et de celles de l'enfant

La capacité à identifier correctement ses propres émotions ainsi que celles de l'enfant est une base nécessaire à la parentalité en pleine conscience. En effet, les émotions ont une influence puissante. Si les parents sont capables d'identifier correctement les émotions, cela leur permet de mettre en place une attention consciente dans les interactions, de faire des choix éclairés sur la manière de réagir plutôt que d'enclencher des réponses automatiques, qui ne sont pas toujours les plus adéquates. Il s'agit aussi de la capacité à tolérer de plus fortes émotions en se décentrant, prenant de la hauteur sur les émotions ressenties, permettant d'être pleinement présent dans la relation avec leur enfant.

Cet article a été rédigé par Marine Manard, Neuropsychologue clinicienne. Initialement destiné à son site : https://www.psst-magazine.be/ Pour retrouver toutes les références contenues dans l'article : https://www.psst-magazine.be/l/mindful-parenting-ou-la-parentalite-en-pleine-conscience/

Autorégulation de la relation de parentage

Tout en étant en accord avec les objectifs et les valeurs parentales, la parentalité en pleine conscience implique un autocontrôle sur le comportement parental. Il s'agit d'appliquer un temps de pause avant de réagir afin de favoriser une sélection adéquate de la réponse parentale selon le contexte. En effet, la façon dont les parents expriment leurs émotions et répondent à celles de leurs enfants a un effet non négligeable sur la socialisation [9]. Ainsi, les parents tolérants et offrant un support aux émotions de l'enfant permettent à celui-ci de développer de meilleures compétences émotionnelles et sociales [9; 10]. Cette dimension comprend également la possibilité d'éduquer l'enfant aux émotions, en lui apprenant à les nommer, les exprimer, à parler de ses ressentis, permettant de développer les capacités d'autorégulation [11].

Compassion pour l'enfant et pour soi-même

La parentalité en pleine conscience comprend une implication active, tant pour le parent que l'enfant, du concept d'empathie. La compassion, est définie comme le « désir d'alléger la souffrance » [12]. Éprouver de la compassion pour l'enfant permet au parent d'avoir le désir de réagir de façon appropriée pour répondre aux besoins de celui-ci et de soulager l'éventuelle détresse qu'il peut éprouver. La compassion des parents envers eux-mêmes est également essentielle, permettant de limiter la culpabilité et/ou l'auto-flagellation, lorsque les objectifs et/ou valeurs parentales ne sont pas atteints et donc de se réinvestir dans la poursuite de ceux-ci. Cette « auto-compassion parentale » permet également de composer avec le jugement social, régulièrement porté sur les pratiques parentales. Étant souvent les juges les plus durs envers eux-mêmes, les parents mettant en place une approche de pleine conscience favorisent une meilleure acceptation de leurs efforts dans la pratique, plutôt que de se focaliser sur les résultats spécifiques. Ainsi, en permettant de se sentir plus compétent et efficace en tant que parent, le développement affectif de l'enfant est favorisé.

Plus globalement la mise en place d'une parentalité en pleine conscience est postulée pour engager des interactions qui vont privilégier le calme, une plus grande constance, un meilleur accord des parents avec leurs valeurs et leurs objectifs, et des relations familiales plus chaleureuses et affectives. Ce type de parentalité devrait donc favoriser les relations familiales mais également diminuer le stress et permettre une meilleure adaptabilité des membres de la famille.

Cet article a été rédigé par Marine Manard, Neuropsychologue clinicienne. Initialement destiné à son site :
https://www.psst-magazine.be/
Mise en page et choix des photos par WeLinkcare

Quels sont les impacts de ce type de parentalité ?

Les recherches sur ce type de parentalité se multiplient. Cette pratique a été associée à des styles parentaux plus adaptatifs [13 ; 14]. Reliée au concept de parentalité positive, désignant la tendance des parents à manifester chaleur et affection, d'utiliser le renforcement positif, d'utiliser des instructions claires et de favoriser la communication [13], la parentalité en pleine conscience est à contrario opposée à la parentalité dite négative (manque de contrôle de la colère, parentalité intrusive, discipline coercitive, hostilité). Par ailleurs ces associations sont consistantes à travers les études, même sur de grandes tranches d'âge : 3 à 17ans [13].

n 2018, une étude longitudinale sur 432 familles a évalué l'impact des changements de pratique de la parentalité en pleine conscience (pouvant survenir avec le temps, selon les circonstances) sur la parentalité positive, la qualité de la relation parent-enfant et les comportements problématiques des enfants comme l'agressivité ou l'abus de substances par exemple [15]. Cette étude met en évidence un lien entre les changements en termes de parentalité en pleine conscience et les trois facteurs étudiés. Par contre, ces relations étaient différentes entre les pères et les mères. En effet, chez les pères, les changements opérés dans la parentalité en pleine conscience étaient liés aux trois facteurs : Plus les changements étaient importants en termes de parentalité en pleine conscience, plus les changements étaient importants en termes de parentalité positive, de relation parent-enfant et de comportements problématiques. Par contre, chez les mères, les associations observées ne concernaient pas le facteur des comportements problématiques [15].

Enfin, certains chercheurs proposent même que la parentalité en pleine conscience pourrait être vue comme un outil de prévention des difficultés psychologiques chez les jeunes [16]. En effet, malgré le manque d'études rigoureuses évaluant l'impact de programmes de coaching par exemple, ce type de parentalité peut toutefois être vu comme un moyen intéressant d'aider les parents à se connecter à leurs enfants et à développer les compétences émotionnelles. Ainsi, via les cinq dimensions décrites ci-dessus, la parentalité en pleine conscience permet de rencontrer les besoins de l'enfant et d'y répondre, permettant alors de diminuer les sentiments de colère des parents et leur stress [16].

Cet article a été rédigé par Marine Manard, Neuropsychologue clinicienne. Initialement destiné à son site :
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