L’euthanasie en Belgique : un dernier soin

La loi permettant l’euthanasie sous strictes conditions existe en Belgique depuis 20 ans.
A l’occasion de cet anniversaire, nous entendrons des patients et des médecins expliquer l’importance de cette loi qui fait de la Belgique un pionnier dans la prise en charge de la fin de vie.
Nous serons soutenu dans notre réflexion grâce à des extraits du magnifique film “Les mots de la fin” ainsi que par les interventions du Docteur Damas (auteur de “la mort partagée: comprendre l’euthanasie et ses enjeux “. ED Mardaga ) et le Docteur Constant , tous deux présents dans le film ainsi que les deux auteurs Agnès Lejeune et Gaelle Hardy.

Questions webinaire “Euthanasie en Belgique : un dernier soin” 

• Une évolution possible en Belgique d’un cadre légal comparable à celui des pays bas en matière d’euthanasie des  nouveaux nés, bébés, enfants est-elle envisageable? 

Pour l’euthanasie il reste indispensable que ce soit le malade même mineur qui soit capable de demander de manière lucide et volontaire qu’on l’aide à mourir. Cela ne peut concerner d’autres personnes devenues incapables ou incapables par nature. 

Dans le contexte de réanimation de nouveau né ou de problèmes d’handicap sévère, l’intensité des traitements doit être déterminé par les référents du malades en connexion avec les soignants. Il existe donc des procédures de limitations de traitements ou d’arrêt des traitements selon les contextes qui relèvent de la loi sur les droits des patients. 

• Existe-t-il une différence entre euthanasie et suicide assisté?

Réponse du Dr Georges L’Espérance dans le chat: 

Ma réponse vaut pour la notion que nous en avons au Québec. L’euthanasie est une mort donnée en condition contrôlée, médicale, par intra-veineuse, par un médecin ou une infirmière clinicienne spécialisée. Le suicide assisté est une mort que le patient se donne par IV ou per os avec une médication prescrite par le médecin. Au Canada, les deux possibilités sont possibles (Au Québec seulement euthanasie). Suicie assisté : aux USA et en Suisse.

Statistiques : moins de 10 SA depuis 6 ans.

• Je suis actuellement psychologue au sein de l’association luxembourgeoise pour le droit de mourir dans la dignité. Nous accompagnons des demandeurs d’euthanasie au quotidien et ces dernières années nous avons une hausse conséquente de demande de la part de personnes souffrants de troubles psychiques (allant de la dépression, à la schizophrénie). Les médecins Luxembourgeois sont très réticents lorsqu’il s’agit d’accepter ces demandes. Comment la Belgique gère ces demandes aujourd’hui ?

 Réponse par François Damas: 

Les souffrances psychiques dans le cadre d’une maladie grave et incurable peuvent entrer dans les conditions légales pour accepter une demande d’euthanasie. 

Le problème donc est d’attester que l’affection est bien grave et incurable. Les recommandations de l’Ordre des Médecins dans l’application de la loi sont: 

• il faut l’avis de deux médecins spécialistes psychiatres indépendants l’un de l’autre qui attestent par écrit que l’affection dont souffre le malade est bien grave et incurable. `
• ces deux médecins doivent se réunir formellement avec le médecin traitant qui est à l’initiative de la demande d’avis des deux experts. Ils doivent donc se rencontrer (par visioconférence c’est accepté) et convenir ensemble que la demande d’euthanasie est bien la dernière solution raisonnable. 

En réalité le nombre d’euthanasies pour raisons psychiques n’augmentent pas d’année en année depuis 4 ans : il reste à environ à une trentaine de cas par an sur actuellement 2680 euthanasies en 2021. Dans les déclarations remises à la commission, les quelques cas rapportés font l’objet d’un suivi prolongé. Entre la demande écrite et la réalisation de l’acte se déroule le plus souvent un délai d’un an au moins.